« J’ai l’impression d’avoir des ailes »
Entretien avec Fanny Dantil – Par l’équipe de Feeling Alive
Fanny, 45 ans, deux enfants et salariée en télétravail, a la chance de vivre entourée des volcans d’Auvergne. Elle nous raconte sa passion pour la marche nordique et pour les beaux paysages qu’elle parcourt avec un immense plaisir.
Un joli témoignage qui nous rappelle que chacun peut se dépasser, que la nature est notre plus beau terrain de jeu et qu’il est nécessaire de la préserver…
Quelle est ton histoire avec le sport ?
J’ai toujours fait du sport par obligation… Quand j’étais jeune, je faisais du ski, de l’équitation et puis de la gym à l’école. Mais tourner autour d’un terrain pendant 20 minutes, ce n’était pas mon truc ! Par obligation aussi parce que je suis une fille plutôt rondelette. J’ai toujours dû me battre contre mon poids.
Je me suis mise à l’aquagym et ensuite à la gym du dos parce j’avais les lombaires fragiles. Je me suis faite opérer deux fois pour des hernies discales. Et là encore, on m’a dit qu’il fallait que je fasse du sport et que je perde du poids. Donc j’ai perdu dix kilos, j’ai fait du sport en salle.
Pour ma deuxième hernie, je me suis écroulée de me retrouver de nouveau avec des problèmes. Ce fut la descente parce que j’ai eu l’impression de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit avec mon corps. Et c’est là que j’ai pris conscience de l’importance de s’en occuper. C’est-à-dire qu’on a vraiment besoin de faire du sport pour être bien.
Qu’as tu fait alors ?
J’ai d’abord réalisé que je devais accepter mon corps tel qu’il est, avec ses faiblesses.
Ensuite, une amie m’a parlé de la marche nordique. Sa sœur, kiné, donnait des cours. Bénédicte avait créé sa structure Benefiss pour allier le sport et le bien être. J’ai essayé. Ce fut le coup de cœur ! C’était en août 2014. J’ai adoré cette technique de marche, le côté nature, le respect du corps, alors j’ai continué. Et puis j’ai eu mes propres bâtons en avril 2015 et je suis devenue autonome, j’ai poursuivi les cours avec Bénédicte, mais en plus, j’ai trouvé de nouveaux horizons : Je pouvais partir de chez moi, je faisais quelques kilomètres et c’était parti.
La marche nordique, qu’est ce c’est ?
C’est de la marche avec des bâtons qui sont reliés par des gantelets au niveau de la main. Tout est solidaire. Tu as une propulsion du corps vers l’avant. Contrairement à la randonnée où les gens commencent à planter le bâton sur l’avant et tirent. Là, tu plantes sur l’arrière et le bâton te pousse. Ca allège toutes les articulations, tout le corps travaille. On a fait des tests de marcher avec bâtons et on économise un ou deux pas sur la même distance sans bâtons. Moi, j’ai parfois l’impression d’avoir des ailes.
Qu’est ce que ça t’apporte ?
Au niveau physique, mes problèmes de dos ont quasiment disparu et mon cardio s’est bien amélioré en 3 ans. J’ai aussi appris à respirer dans l’effort et à en être consciente. J’ai créé des endorphines, les fameuses endorphines du sport qui te shootent de plaisir.
Mais surtout, je me reconnecte avec la nature, je lâche prise et ça me procure un plaisir immense ! Dans les côtes, je grimpe en me concentrant sur ma respiration et mon effort. Quand je me retrouve en haut d’un volcan, face à tout cet espace, un visuel magique, j’ai l’impression d’être remplie. Tous mes sens sont en éveil. Le temps s’arrête, je ne pense plus à rien. Je suis vraiment dans l’instant présent. Je me retrouve seule face aux éléments, toute transpirante et je suis à la limite de la jouissance. Quand je suis là-haut, j’admire, je médite et j’avoue, parfois c’est presque difficile de redescendre…
Tu fais des émules autour de toi ?
Oui, car c’est vrai que j’aime le partage. Je marche et je prends des photos que je mets sur facebook. J’ai un énorme retour de mes amis, qui me disent : « tu nous fais rêver avec tes photos ». Ca donne du courage pour continuer. J’ai des amies qui commencent à m’accompagner, deux ou trois qui viennent régulièrement.
Et puis, il y a Cécile avec qui, on se lance des défis de randos.
Justement, tu t’es lancée le défi personnel de faire la Pastourelle en Mai dernier?
Oui, Cécile m’avait conseillée la Pastourelle, dans le Cantal. C’est un gros événement de trail, de VTT, de courses, de relais et de rando. La rando de 32 km avec 1150m de dénivelé positif me faisait de l’œil. Hésitation et puis finalement, go ! J’avais déjà fait 25 km un an avant mais Bénédicte m’avait déconseillé de faire plus à cause de mon dos. Mais la, je me sentais de mieux en mieux donc je me suis inscrite seule et Cécile, ensuite, s’est lancée avec moi.
Il y avait beaucoup d’inconnues, au niveau physique, est ce que mon dos tiendrait, est-ce que nos pieds souffriraient ? Mentalement je suis passée par des périodes de gros doutes. On partait sur environ huit heures de marche. Je savais que ça serait difficile.
Comment t’es tu préparée?
J’ai essayé de mettre toutes les chances de mon côté. Je suis allée voir un podologue pour me faire des semelles spéciales mais surtout je savais que je devais m’entraîner plus.
Donc j’ai fait appel à un coach sportif privé, Mathieu qui a monté We love fitness. Le but était de me renforcer musculairement et de m’aider à travailler mon mental. Avec lui, j’ai gagné en énergie et un sens de l’effort. Il a su s’adapter à mon problème dorsal, il a bien compris ce dont j’avais besoin. J’ai travaillé sur mon mental pour avoir des pensées positives quand le physique ne suit plus pour continuer à avancer et ne plus penser à la difficulté.
Et avec Cécile, nous avons multiplié les randos de plus en plus longues et exigeantes.
Et alors, défi relevé ?
La randonnée s’est vraiment très bien passée. La météo n’était pas « parfaite » mais nous avons eu un peu de soleil donc c’était suffisant pour mon bonheur. La nature était gorgée d’eau par les pluies importantes des jours précédents. Nous avons dû traverser des rivières, des marécages, marcher dans la boue … Nos pieds étaient trempés et un peu douloureux sur la fin pour ma part !
L’ambiance était incroyable: départ de Salers à 8h30 en fanfare ! En plein brouillard, nous entendions des cornes de brume et des cors de chasse. Tous les ravitaillements étaient accompagnés de musiciens, c’était impressionnant. Il y a eu des portions bien techniques avec de la neige sur un chemin à flanc de montagne, une descente à pic dans la boue, les rochers… C’était éprouvant et je devais être très concentrée sur mes appuis avec mes précieux bâtons !
Nous avons marché 32 km, grimpé 1150m de dénivelé positif, vu l’eau dans presque tous ces états, nous étions « crados » mais heureuses et fières de nous !
Bravo ! Alors un conseil à ceux qui n’osent pas se lancer?
Trouvez une activité qui vous convienne vraiment et commencez progressivement avec humilité ! Moi, je n’ai pas marché 16 ou 32 km du premier coup. Il faut de la patience. Petit pas par petit pas, persévérer. On ne pourra pas être un champion du monde demain mais il y a des choses qui sont possibles et il faut se donner les moyens en s’entrainant. C’est l’esprit du sport. On peut tous s’y mettre !
Tes prochains défis ?
J’ai un objectif de 700 km sur l’année. J’en suis à 340 km, plus que 360 !
Et puis cet été, me faire 3 jours d’affilée dans les volcans. Refaire la Pastourelle sous le soleil et pourquoi pas ensuite Saint Jacques de Compostelle, pour le partage. J’en ai très envie. Ce sera l’aventure…