« Il y a toujours une récompense au bout »

« Il y a toujours une récompense au bout »

28 septembre 2017 They Feel Alive

Entretien avec Julie et Hervé – Par l’équipe de Feeling Alive

Julie et Hervé se sont lancés le défi de parcourir 15000 kilomètres en tandem couché. Ils sillonnent actuellement l’Amérique du Sud de Bogota à Ushuaia et nous racontent leur magnifique expérience dans les Andes alliant sport, voyage et rencontres.

Comment vous est venue l’idée de faire des voyages à vélo ?

Julie (J): Tout a commencé avec un Visa Vacances Travail (VVT) en Nouvelle Zélande qui nous a permis de rester un an dans le pays en travaillant 5 mois et en voyageant 7 mois le tout légalement! Là bas, nous avons rencontré un couple d’amis qu’Hervé avait hébergé en France. Ils avaient fait l’Eurovelo 6 de France en Roumanie et avaient laissé leur vélo à l’arrivée et nous ont proposé de le rapatrier en France…
Hervé (H): Il y avait longtemps que je voulais faire un voyage à vélo donc c’était l’occasion. Nous voulions rentrer en France tranquillement alors nous avons pris un vol d’Australie vers la Roumanie et nous sommes ensuite rentrés en France avec ce vélo.

Un vélo un peu particulier je crois ?

H: Oui, c’était un tandem !

Aujourd’hui, vous traversez l’Amérique du Sud en tandem couché. Cela représente environ 15 000 kilomètres. Comment cette envie vous est venue?

H: En rentrant en France, nous voulions nous poser, mais vous savez, l’addiction aux voyages… Quand on commence, on en veut encore plus et c’est l’escalade.
J: Sur la route de l’Eurovelo 6, nous avons rencontré beaucoup de personnes ayant traversé l’Amérique du Sud en vélo et disant que c’était à faire ! Nous avons aussi rencontré des belges, qui avaient un tandem couché. Nous avions envie de faire un long voyage à vélo alors nous nous sommes dit que nous allions combiner les deux en prenant un an.

Etiez vous sportifs à la base?

J: Nous faisions un peu de balade en vélo. C’était sympa mais nous n’étions pas vraiment sportifs. Les premiers jours en Roumanie, nous avions bien mal aux fesses…

Avez-vous suivi un entraînement particulier avant l’Amérique du Sud ?

H: Personnellement, j’essayais de faire tous mes trajets quotidiens à vélo. Mais je faisais au maximum 20 km par jour et c’était tout plat. Ce n’était pas vraiment un entraînement. D’autant plus, que nous étions en hiver avant de partir alors c’était plus dur de se motiver.
J: En réalité, nous pensions que l’entraînement, ce serait en Colombie mais il y a beaucoup de relief et c’est très pentu. Du coup, nous avons été dans le bain tout de suite et il n’y a pas eu d’entraînement.

En ce moment, vous faites entre 40 et 70 kms par jour. L’Amérique du Sud est connue pour ses dénivelés et hautes altitudes. C’est un beau défi. Vous le vivez comment ?

H: Bien maintenant. Mais ça dépend du relief. Le démarrage en Colombie avec beaucoup de relief et la chaleur a été assez intense. Nous avons perdu plus de 10 kilos chacun en un peu plus de 2 mois. Il a fallu s’acclimater.
J: En Colombie nous sommes arrivés à 2500m d’altitude. Les premiers jours, nous montions déjà à 3000m et étions bien essoufflés mais nous savions à quoi nous attendre avant de partir. Depuis le Pérou, nous sommes entre 3600m et 4000m et tout va bien !

H: Chaque pays a ses particularités. Le Pérou est censé être le pays le plus difficile car il y a beaucoup de cols. Nous y sommes restés quasiment 3 mois et ça s’est bien passé. Depuis que nous sommes arrivés en Bolivie, c’est plus compliqué. C’est plus plat mais il n’y a plus de routes asphaltées. Ca n’est que de la piste, du sable, des pierres et en tandem c’est plus dur. Nous n’avons en fait jamais les conditions parfaites pour rouler.
J: Les journées sont difficiles. Parfois, c’est pousser le vélo pendant 20 kms mais nous sommes tout le temps récompensés par les paysages, de merveilleuses rencontres ou un bon repas. Il y a toujours une récompense au bout!

Un tandem, la bas, c’est assez original non? Comment êtes vous accueillis?

J: En Colombie et en Equateur, les gens ont été très curieux. En Bolivie et ici au Pérou, ils sont un peu plus distants. Mais ça favorise énormément la communication, plus qu’un vélo classique. Les gens nous disent qu’il y a pas mal de cyclistes et de tandems en Amérique du Sud mais la plupart de temps c’est la première fois qu’ils en voient un !
H: Il y en a qui pensent que c’est une moto, qui demandent où est le moteur…
J: C’est sympa, ça aide vraiment à l’échange. On a même croisé des chiliens au Salar d’Uyuni qui nous ont invités à venir chez eux quand on passera au Chili. Grâce à ça, on apprend à connaître la culture, à faire plus de rencontres…

Le but de ce voyage, c’était de faire des rencontres et de se dépasser physiquement. Il y a autre chose?

H: Faire des photos aussi car je suis photographe. Ici, j’ai de quoi faire tous les jours. C’est magnifique !
J: Ca permet de faire des pauses (rires)…

Outre le vélo, vous vous êtes lancés un autre défi avec l’ascension d’un sommet?

H: Oui, nous avons grimpé le sommet du Huayna Potosi à 6088m avec un guide et sans oxygène!
J: C’était dur! Le départ à 1h du matin, nous étions vaseux, avec des gros crampons et des chaussures qui font mal aux pieds, nous avons eu chaud… Ce fut extrêmement fatiguant pour moi. Mais pour voir au sommet le lever de soleil, ça valait le coup ! C’était absolument grandiose!

Vous avez des moments très durs mais quel a été votre coup de coeur?

J: Rouler sur le Salar d’Uyuni!
H: C’était un plein d‘émotion! On a croisé des véhicules mais nous avons mis deux jours pour le traverser en vélo. Nous avons campé en plein milieu, nous nous sommes sentis seuls et surtout privilégiés!

Vous allez tout au sud. Que représente Ushuaia pour vous?

J: C’est le rêve de tout cycliste ! Commencer au nord et de finir au sud.
H: Et passer devant la pancarte « fin del mundo« , c’est vraiment un rêve. Au bout d’un tel voyage, on revient changé psychologiquement, on apprend à se connaître soi même !

Quels conseils donneriez vous à quelqu’un qui hésite ou qui veut faire un voyage comme cela?

H: Déjà, il faut savoir dans quoi on s’engage et avoir conscience de ce qu’on va faire! Il faut commencer par un long week-end et y aller crescendo. Ensuite, bien s’équiper et de ne pas hésiter à prendre du bon matériel. Des choses compactes, légères et solides car on s’en sert tous les jours ! Ca coute plus cher mais c’est indispensable pour voyager à vélo.
J: Il faut dire, que si l’on a des inquiétudes, on croise toujours d’autres cyclistes plus expérimentés qui donnent des conseils et astuces! Et puis ça change de la routine. Ça donne une autre vie, une autre façon de voyager. Vous serez toujours récompensé par les paysages, les rencontres. Ça vaut tout l’or du monde et ça donne des ailes!

Vous commencez à réfléchir à l’après? Vous avez déjà d’autres projets en tête?

J: Oui, on se pose des questions sur notre retour. Moi, j’aurais peut être envie de me poser un peu…
H: Il y a des pays à visiter qui nous tentent déjà, l’Islande par exemple. On continuera le vélo mais de façon certainement moins physique et moins longue.
J: Sentimentalement, on gardera le vélo ! On a quelques destinations en tête, Saint Jacques de Compostelle, l’Islande et puis on a rencontré des canadiens qui nous ont parlé de routes aux Etats-Unis donc il y a de quoi faire partout…

Suivez leur aventure sur leur page Facebook: Un rêve, une aventure, en tandem à travers les Andes.

 

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Jeanne

A propos de l'auteur

Jeanne: Globe trotteuse et sportive aux quatre coins du monde, Jeanne aime écrire et rencontrer des nouvelles personnes aux profils atypiques. C'est grâce à cette envie de combiner ces passions que Feeling Alive voit le jour avec son mari.